Bienvenue en 1524

Vous qui passez par là, je vous souhaite le bonjour et la bonne fortune!
Nous sommes en France en 1524. Nous vivons sous le règne de François 1er.
Nelly est mon nom mais on me surnomme "Nougatine" à cause du nougat noir que je prépare et qui m'offre une modeste renommée. Mon âge est indéterminé, disons une trentaine d'années à cinq ans près. Je suis cantinière dans un camp de mercenaires, la Confrérie de Papelengue. Ma vie est dure mais joyeuse, je suis très occupée à aider à la cuisine, à tenir le camp propre et à soutenir les hommes et femmes qui partent au combat.
Vivre ainsi sous la tente, sans cesse en déplacement, demande de la débrouillardise et de multiples talents: certains savent tracer de belles graphies, d'autres fabriquent des bougies, d'autres encore enseignent l'art du tir à l'arc. Moi, j'apprends à travailler le cuir et à réaliser de la petite maroquinerie. J'aime ma vie au camp car elle me donne aussi l'occasion d'applaudir les beaux troubadours qui viennent nous distraire.
Voici ma vie et nos voyages au gré des besoins de ceux qui nous paient.
A vous tous qui allez me lire: bonne route!
http://laconfreriedepapelengue.blogspot.fr/


Roi de l'oiseau 2010: que de larmes j'ai versées!

Bonjour à tous,
Ca y est me voilà de retour en 2010 après quatre jours de Fêtes Renaissance. Compte-rendu!

Dimanche 12 septembre:
Avec l'aide d'une de mes sœurs, je prépare un petit kilo de nougat. Comme il y en a moins que d'habitude, il est plus fin et sera plus facile à briser et à plier mercredi matin.

Mercredi 15:
Je m'attaque au nougat le matin avec une certaine appréhension. A ma grande surprise, il se brise à la main. Je fais plus de 100 petits morceaux que j'enveloppe pour qu'ils ne fondent pas et soient faciles à glisser dans les poches pendant les Fêtes. Au revoir Lyon! Au revoir 2010!

J'arrive comme d'habitude à 17h20 au Puy et je tire ma valise à roulettes jusqu'au camp et dans les rues pavées. Tout le monde m'entend avant de me voir. Cette année nous sommes installés un peu haut mais dans un endroit très passant et très visible. Au camp, les habitués sont déjà là. Je me change et me démaquille: à moi les festivités! Première activité: 18h30, le concert de l'ensemble d'adolescents de Leipzig à la cathédrale. C'est très beau et bien joué, les jeunes font l'effort de parler en français, le public apprécie.
A 19h15, nous avons rendez-vous pour notre premier défilé, celui qui emmène les Isles jusqu'à la lice où la cérémonie d'ouverture aura lieu. Nous sommes un peu déçus du manque de monde dans les rues. La cérémonie d'ouverture est plus rythmée que d'habitude. Je regrette un peu que l'orchestre ne soit pas costumé Renaissance.
Cette année, le comité organisateur a souhaité rendre la fête plus conviviale: après la cérémonie, l'apéritif est offert, puis chaque Isle reçoit dans son camp pour manger un élément du repas. Nous commençons par St Privas qui nous accueille avec de la soupe, puis Papelengue se charge de la viande et nous irons ensuite ailleurs pour le fromage. L'idée est bonne sur le papier mais les gens n'ont pas compris que nous n'offrons que le couvert, pas la nourriture (comment le pourrions-nous?). La soupe a été préparée avec des légumes fournis par chaque Isle. Nous arrivons dans ce premier camp où une femme charmante me demande: "Avez-vous une assiette? - Non. - Tenez!" et me voilà avec une bonne assiette pleine d'une soupe savoureuse même si un peu trop poivrée: carottes, navets, poireaux, céleris, viande. La seule consigne est de laver son assiette une fois terminé et de la remettre à la personne qui nous l'a donnée. Puis nous allons dans notre camp où nous attendons les convives. Ils arrivent plus ou moins bien informés de la marche à suivre. Fatigués et un peu découragés de courir les rues pour manger le fromage, nous le mangeons sur place et les plus courageux vont voir les autres Isles. Moi je rentre chez ma tante. Une dure journée m'attend demain: je suis chef cantinière.

Jeudi 16:
Je me lève tôt et commence par aider sous la lice, pour une petite demi-heure, mon oncle qui s'occupe chaque année du concours d'arbalète pour les scolaires. Puis je monte au camp. Je passe par l'office de tourisme pour acheter le programme et la médaille (comme chaque année). Là, je paye le tout 2 euros (au lieu de 12), la demoiselle se trompant en me rendant la monnaie. Je manque de lui dire mais les temps sont durs. je garde donc le silence en pensant avec joie au bon vin de violette que je vais pouvoir m'offrir!

J'arrive au camp où je lance tout de suite l'épluchage des oignons et des blettes. Au menu: "ambroisine de poulet aux fruits secs" et "porée verte des jours maigres". James et Erwan pleurent aux oignons tandis que Josie m'aide aux blettes. Il me manque des ingrédients (le lait d'amande) donc j'improvise et le remplace par de la poudre d'amande qui en plus épaissit la sauce parfaitement. Au moment de cuire les blettes, le feu lâche et me laisse en panique. Les garçons refont et feu, et vu le retard pris, je vide un peu le chaudron pour que ça cuise plus vite. Et je pleure et pleure: le bois (je ne sais pas de quel bois il s'agit) fume tant et tant que les larmes ne cessent de couler. Et ce sera comme ça à chaque fois que j'aiderai aux repas. Finalement tout est prêt à temps. Ouf! Les chefs cantinières ne faisant jamais la vaisselle, j'ai l'après-midi pour moi. J'ai remarqué dans le programme que sur le podium de la cathédrale, tous les groupes de troubadours se succèdent à partir de 15h. J'y passe donc plus de trois heures.
Les groupes s'enchainent. Les filles tchèques de Braagas sont vraiment bien. Le seul problème est qu'elles parlent en anglais et je ne suis pas sure que le public ponot soit si familier que ça avec la langue de Shakespeare. Suit ensuite le groupe de Leipzig, déjà vu la veille, qui enchaine ses morceaux sans un mot cette fois. Une troupe d'acrobates suit: Trio Massilia. Une fille et deux garçons. Ils sont très beaux et gracieux, motivés et souriants, mais leur spectacle est très court et répétitif et le public reste complètement sur sa faim.

La pluie fait son entrée et le public se réfugie sous les arcades. La pluie n'est pas une mauvaise chose: elle dure jusqu'au soir et nous permet d'être avec les musiciens sous les arcades pour des moments intimes et intenses. Les Tchèques de Krless (un régal) sont les premiers à inaugurer les arcades de la cathédrale. Un des musiciens fait de son mieux en français (tout comme les autres troupes qui suivront) et cet effort est très apprécié du public. Un moment de grâce se produit lorsqu'un vrai moine descend les marches pour aller en ville. Les quatre troubadours, en plein morceau, le suivent des yeux, un peu anxieux de déranger d'une certaine manière et le saluent très respectueusement de la tête. J'ai beaucoup aimé que les Fêtes rencontre la réalité religieuse. Après Krless, les catalans de Suterranya, de la pure musique Renaissance: il ne manque plus que le Roi! Ils font un triomphe et leur simplicité séduit. Puis deux groupes plus "rock and roll" viennent secouer les pierres: Les clermontois Pönk et les catalans (oui encore) de Los Berros de la Cort. C'est un peu trop bruyant pour moi et pas très clair dans le style.

Je rentre au camp après toute cette musique et aide à la cantine. La soirée se déroule tranquillement au coin du feu avec les amis. Je vois la fin du spectacle de la Cie du Clair Obscur: très drôle mais la fin me déçoit par l'ajout d'éléments trop modernes.

Vendredi 17
Je  descends tôt le matin avec mon oncle et participe à l'accueil des scolaires pour le spectacle prévu pour eux. Je monte ensuite au camp et aide à la cantine. Une bonne copine à moi arrive pour passer l'après-midi avec moi. J'en profite pour faire avec elle quelques photos où je mets un peu en scène (voir le diaporama "dans les rues"). C'est rigolo et nous cherchons des endroits très historiques pour essayer de faire vrai. Je l'invite ensuite à aller voir la Cie du Clair Obscur. Là, une fois encore j'ai la preuve qu'être Troubadours est un métier difficile: il faut gérer une classe d'enfants déchainés, trouver deux autres "jolies filles" pour tenir le rideau en plein milieu du spectacle, gérer l'angoisse lorsque le diabolo se débine dans le public. Personne ne panique (ou du moins ça ne se voit pas!). Bravo la Cie! Après la Cie, nous nous dirigeons Rue des tables pour voir les catalans Suterranya et les Tchèques de Krless.  Puis il est temps pour mon amie de partir.

Après son départ, je passe en ville acheter LE livre des 25 ans du Roi de l'Oiseau, un ouvrage magnifique de photos noir et blanc (photos prises il y a deux ans). J'en suis fière d'autant plus que je suis dedans avec mes comparses cantinières. J'arrive au camp et le fait passer de main en main.

Plus tard, Papelengue répète en public la saynète sur laquelle les Papelengue ponots travaillent depuis un an. Le principe est simple: une bande son passe et nous devons l'illustrer. Loulou (un des créateurs principaux) nous donne des directives pour nos actions. C'est rigolo même si nous manquons de naturel. Je manque de prendre un fou rire quand la charrette de la peste s'en va alors que deux de nos hommes tentent désespérément d'y porter une  victime.

Le soir, le public commence à arriver et les ânes qu'on nous a confiés pour donner vie au camp se carapatent vers 10h00! Le public, à force de s'appuyer contre les barrières, en a fait glisser une et les deux compères en ont profité pour aller faire un tour. Là, c'est l'angoisse! Ces deux ânes gris sont jeunes et peureux. Jocelyne, une des nôtres, habituée des équidés, a tenté de les promener le jeudi et nous a prévenu qu'ils craignaient la ville et la foule. Nous nous divisons en plusieurs groupes pour les chercher mais par où? La vieille ville n'est que petites rues et recoins sombres. Je pars au hasard et reviens au bout d'un moment pour retrouver nos deux baudets en sécurité dans leur enclos. Les ramener n'a pas été facile mais ils sont là. Ouf!

Samedi 18
J'arrive vers 10h00 au camp et décide d'aller faire un peu de "visuel" dans les rues. Je me poste à la cathédrale où je m'assois et ferme les yeux, au soleil. Le public montant les marches passe vers moi en chuchotant et j'entends les clics des appareils photos. Je renouvelle l'opération au cloître: cette année encore les fêtes coïncident avec les journées du patrimoine. De nombreuses personnes en costume me rejoignent et les visiteurs s'en donnent à cœur joie pour les photos. L'un d'entre eux me demande de lui servir de modèle et me dit qu'il m'enverra un lien vers un album sur le net. J'espère qu'il tiendra parole.

Après le cloitre je visite une chapelle ouverte spécialement pour les journées et finis par la cathédrale où la marche des Turcs, air magnifique de Jean-Baptiste Lully (http://www.youtube.com/watch?v=IKnzPldR2zo) m'accueille: un organiste fait sonner le grandiose orgue. Quelle chance! Alors que j'écoute les pièces qu'il enchaîne, un (vrai) prêtre prend le micro et nous souhaite la bienvenue dans la cathédrale. Il nous dit que nous pouvons visiter mais aussi nous confesser si nous le voulons. Il rappelle également que les messieurs doivent enlever leur chapeau et leur casque à l'intérieur. C'est sûrement pour le chevalier en armure complète qui arpente les couloirs de l'édifice religieux!

Je retourne au camp et le trouve en effervescence: un de nos archers est en finale du concours de tir du Roi de l'Oiseau. Début à 20h30. Nous prévoyons deux services de cantine.

Mon oncle me confie le jeu de la poutre (deux personnes en équilibre sur une poutre doivent faire tomber l'adversaire en lui frappant les jambes avec un gourdin en cuir) où officient la troupe des jeunes de Leipzig. Malheureusement ils ignorent les consignes et se frappent à qui mieux-mieux comme les ados qu'ils sont. Je suis vite agacée et (mon allemand étant plus que restreint) j'arrête le jeu assez rapidement pour aider à la cuisine: ce soir c'est potée! Miam! 

Le premier service commence alors que notre finaliste descend pour la finale. Il n'ira pas jusqu'au quart mais nous sommes quand même fier de lui. Cette année, le concours a élu, pour la deuxième fois en 25 ans, UNE REINE! Les femmes sont fières.

Le repas se passe sous la caméra de jeunes en formation et nous nous régalons. Arrivent ensuite des invités surprise: les comédiens de la Cie Clair Obscur se sont fait voler leur drapeau par les Gardiens du Feu (c'est le jeu entre les Isles pendant les fêtes mais ils ne sont pas censés piller les troubadours). La Cie est un peu agacée: ils jouent dans une demi-heure et ont besoin de cet accessoire. Pendant qu'un de nos jeunes part avec l'un d'entre eux, nous accueillons les autres et faisons connaissance. C'est très intéressant de voir leur côté des Fêtes. Ils sont contents et se trouvent bien accueillis. Le drapeau est retrouvé et le spectacle (le dernier de mes fêtes) peut commencer. Je n'irai donc pas au bal cette année!

Dimanche 19
Pas de costume aujourd'hui. Commençant tôt lundi, je prends le train de 12h00 pour Lyon. C'est toujours difficile de partir. La Fête fut belle même si il est vrai que je n'ai pas du tout participé aux escarmouches,  sortie des lavandières et cérémonie de l'Arsenal en cette année Léonard de Vinci. Mais on ne peut pas tout faire: je me suis bien amusée et j'attends les photos! Zucati!