Bienvenue en 1524

Vous qui passez par là, je vous souhaite le bonjour et la bonne fortune!
Nous sommes en France en 1524. Nous vivons sous le règne de François 1er.
Nelly est mon nom mais on me surnomme "Nougatine" à cause du nougat noir que je prépare et qui m'offre une modeste renommée. Mon âge est indéterminé, disons une trentaine d'années à cinq ans près. Je suis cantinière dans un camp de mercenaires, la Confrérie de Papelengue. Ma vie est dure mais joyeuse, je suis très occupée à aider à la cuisine, à tenir le camp propre et à soutenir les hommes et femmes qui partent au combat.
Vivre ainsi sous la tente, sans cesse en déplacement, demande de la débrouillardise et de multiples talents: certains savent tracer de belles graphies, d'autres fabriquent des bougies, d'autres encore enseignent l'art du tir à l'arc. Moi, j'apprends à travailler le cuir et à réaliser de la petite maroquinerie. J'aime ma vie au camp car elle me donne aussi l'occasion d'applaudir les beaux troubadours qui viennent nous distraire.
Voici ma vie et nos voyages au gré des besoins de ceux qui nous paient.
A vous tous qui allez me lire: bonne route!
http://laconfreriedepapelengue.blogspot.fr/


Le Roi de l'Oiseau prend son bain au camp!

Bonjour à tous,

Déjà un mois que les Fêtes Renaissance du Roi de l'Oiseau 2012 ont pris fin. J'ai enfin le temps de raconter ce qui s'est passé et il s'en est passé des choses!

Mercredi 12 septembre
Il pleut des cordes sur nos belles régions. J'arrive dans un camp détrempé où des rigoles ont été creusées tout autour des tentes pour éviter l'inondation, mais les tapis ont pompé: je plains ceux qui vont dormir là ce soir. Cette année notre camp de trouve sur la Place du Breuil. Nous sommes un peu loin de la vieille ville, il est vrai, mais nous sommes à deux pas du marché et nous avons pu construire un grand camp. J'enfile mon costume et c'est parti!

Nous partons pour le défilé et la cérémonie d'ouverture (sans oublier de faire une petit halte dans un bar à vin...). Je trouve que la foule est moins nombreuse pour nous souhaiter la bienvenue cette année. Nous descendons les rues et nous retrouvons devant la jolie mairie où le Roi et le Prince de l'Oiseau 2011 nous saluent. François 1er se trouve à quelques mètres de moi et.... je le rate (c'est une comparse cantinière qui me le fait remarquer.) Et voilà! Je n'ai pas pu saluer notre bon roi! Je suis une bien piètre sujette! Nous repartons de la place de la mairie et nous dirigeons vers le haut de la vieille ville. Cette année pas de cérémonie sous chapiteau mais sur une estrade devant une foule debout qui, hélas, se lasse et ne s'attarde pas pendant les diverses présentations. Avec les compères de Papelengue nous sommes invités à manger le repas du soir au camp de nos ami(e)s de Garamante. Au menu: une bonne soupe de topinambours au miel et au lait (soupe que je ne pourrai malheureusement pas goûter: je ne consomme pas de lait.) Je rentre tenir compagnie à ceux qui gardent le camp (le camp ne doit jamais rester vide) puis l'heure du coucher arrive avant un superbe jeudi.

Jeudi 13 septembre
J'arrive au camp vers 9h. Le temps s'améliore.  Je pose le pain sous la tente-cuisine et lorsque je sors un comparse me fait signe de la tête de regarder derrière lui. Je m’exécute et vois... deux pieds. Deux pieds nus. Intriguée, je m'approche, et avec ma comparse Danièle, nous voyons un (très bel) homme en train de prendre un bain bien fumant dans notre baquet. Le problème est que nous ne connaissons pas cet homme, il ne fait pas partie de la Confrérie.  "Pardon", dit Danièle," mais.... qui êtes-vous? - Je suis le roi de l'Oiseau", répond très simplement notre baigneur. LE Roi de l'Oiseau! Celui qui, devant 600 personnes sous une lice, 600 personnes pendues à son arc et à sa flêche, 600 personnes qui par leur attente mettent une pression énorme sur ses épaules, est capable de tirer trois flèches sans trembler, sans sourciller, sans perdre de vue le centre de la cible. LE ROI de l'Oiseau.  LE ROI DE L'OISEAU PREND SON BAIN SUR NOTRE CAMP! Il nous explique qu'il est venu prendre son petit-déjeuner au camp et qu'il a vu nos jeunes se baigner et que, ni une ni deux, hop, lui aussi il avait décidé de prendre son bain chez nous plutôt que de courir la ville, et qu'il se sent comme un grand seigneur ainsi bien au chaud (même s'il nous avoue s'être "un peu ébouillanté"). Il prend un savon et se savonne gaiement. Bien entendu nous prenons quelques photos (disponibles sur le site de la Confrérie).



Toutes guillerettes de cette petite aventure, Danièle et moi allons chercher les légumes de la semaine au marché avec notre bonne vieille brouette en bois (pas facile à manier mais bien pratique quand même).
Au menu cette semaine: 
Oeufs au vin et aux oignons; porcelet rôti à la broche et pommes de terre; poissons et légumes variés; saucisse lentilles (repas très simple où je suis chef cantinière), agneau; salade de choux; de nombreux gâteaux, fromages et fruits.

Après le repas, je vais faire un tour au marché qui se trouve encore une fois dans le jardin du Puy. Le cadre est idéal sauf quand il pleut: le sable ne sèche pas sous les arbres. Les chemins entre les étals seront mouillés pendant toutes les Fêtes.

Vendredi 14 septembre
La journée de vendredi est une journée très tranquille: aide à la préparation des repas, aide à la vaisselle, entrainement au tir à l'arc (je ne me présenterai pas de sitôt au concours du Roi...), visites pédagogiques des écoles (avec un jeune homme très audacieux de 8 ans qui me dit en partant: "Salut, chérie"!). 

Nous avons un temps fort cette année au camp: la représentation vivante d'un  tableau de la Renaissance. Trois de nos confrères personnifient les personnages du tableau (ci-dessous) Judith et Holopherne (Giuditta e Oloferne en italien) peint par Caravage en 1598. Le public apprécie et peut comparer pendant quelques minutes la "copie" et son original.


J'ai aussi beaucoup ri grâce à nos jeunes hommes qui, utilisant nos maquettes de trébuchet et autre catapulte (maquettes fabriquées pour expliquer la guerre aux écoliers) se sont amusés à catapulter des trognons de pommes et autres raisins gâtés sur les gardes de la Compagnie des Mercenaires du Velay installés juste en face de notre camp. Le camp des Mercenaires a une tour à chaque coin avec un garde qui monte stoïquement la garde (enfin stoïque jusqu'à un certain point, certains de nos tirs ne faisant pas mouche, nous pouvions entendre: "Raté!")

Samedi 15 septembre
J'arrive assez tôt le matin et m'arrête dans une taverne du jardin avec quelques comparses de Papelengue pour boire une boisson chaude venue d'Asie qui s'appelle "thé". Puis je m’attèle au repas: je suis chef cantinière aujourd'hui. Le plat est simple: saucisse-lentilles. Je le sais que les lentilles me sont interdites, je le sais pertinemment! Mais j'ai voulu goûter, tester la cuisson, une malheureuse cuillère à café d"'excellentes lentilles" et..... pas de bal pour moi cette année: les lentilles ont eu raison de mon système digestif! Ah les traitresses! Moi qui les aime tant pourtant! 

Mais avant d'être vouée à l'immobilisme au camp, j'ai pu aller aux marches de la cathédrale voir les spectacles. Et là une angoisse m'a étreinte : il fait beau et chaud, la foule est nombreuse, voire très très nombreuse. Les gens s'agglutinent sur les marches et dans les voies de circulation si bien qu'il est impossible de monter ou de descendre. Je ne suis pas du genre alarmiste mais plutôt prudente et je me dis: "Que se passerait-t-il en cas de mouvement de panique?" La réponse est simple: des dizaines de blessés. Je ne sais pas si mettre un service d’ordre le week-end pour réguler le flux serait possible et réalisable mais j'avoue que j'ai eu un moment d'angoisse devant tant de personnes indisciplinées et prêtes à tout (mais pas à attendre un peu cela dit) pour voir les spectacles qui pourtant tournent dans toute la ville. Il est vrai que si on s’assoit à 15h aux marches et qu'on y reste jusqu'à 19h, on voit tous les spectacles sans avoir à se déplacer. 
Les troubadours s'enchainent: les Catalans de La Suterranya; les Tchèques du groupe Krless (avec des danseuses turques aux décolletés si vertigineux qu'on ne voit que ça!); les magnifiques Allemandes du groupe Filia Irata qui ont mis le feu et qui n'ont laissé aucune chance aux saltimbanques de la Petite Flambe qui ont eu le malheur de passer juste après elles et ont fait un flop retentissant; les excellents saltimbanques de la Cie du Clair Obscur et ceux des Maroufles, eux aussi bien déjantés! Voilà un bon moment comme toujours avec ces artistes de choix!

Je rentre au camp pour aider au repas et assister, en soirée, à une représentation de marionnettes spécialement pour nous, Confrérie de Papelengue, par notre ami Lucarius, grand artiste et poète. Il fait tout lui-même, ses marionnettes sont très gracieuses et son imagination débordante. Un très beau cadeau et un merveilleux moment: Merci à Lucarius qui a sauvé ma soirée!

Voilà les Fêtes sont finies pour moi, elles ont été encore une fois bien belles! Zucati!